Biographie

Sculpteur Québécois né à Rimouski, en 1959. Sa famille s’installe dans le Sud de la France en 1968 où il découvre, très jeune, la taille de la pierre du Vaucluse. Cette découverte de la matière le conduira plus tard à l’école des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence (1979), puis aux Beaux-Arts de Dijon (1983), avant d’intégrer l’Université du Québec à Montréal (1984) lors de son retour au Québec. La découverte qu’il fait du monde de l’art et des artistes dans les galeries européennes et nord-américaines l’amène à laisser libre cours à son imaginaire et lui permet d’assembler ou de confronter le naturel et l’industriel en toute liberté.

 

Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées au Canada (Galerie Daniel à Montréal, Galerie Madeleine Lacerte à Québec, Leo Kamen Gallery  à Toronto) et en France (Galerie Pierre Nouvion à Monaco et Galerie Remp’art à Toulon). Depuis 1994, Jean Brillant réalise surtout des sculptures d’extérieur. Nombre de ses œuvres font aujourd’hui partie de collections publiques (Musée national des beaux-arts du Québec, Musée d’art de Rimouski, MACAAL de Marrakech, Musée d’art de Joliette), comme de collections privées (Fondation Bombardier, Steelcase, Lemay Architecte, Groupe Mach, sans compter de nombreux collectionneurs anonymes.

 

Jean Brillant vit actuellement au Québec, installé dans une ancienne usine industrielle transformée en atelier d’artiste, au cœur de Montréal.

Démarche artistique

Au cœur de ma démarche artistique il y a ce tissage entre nature et culture. Naît ensuite la sculpture qui donne corps et présence à cette étoffe fondamentale qui recouvre nos existences.

La nature, c’est cette pierre des champs qui est venue à moi par une succession d’événements géologiques sur lesquels je n’ai aucune emprise, c’est ce qui est donné. Inanimée, la pierre est un miroir qui parle de nous-même. Donner vie à la pierre c’est créer une brèche qui revendique une flexibilité. C’est donner l’opportunité à celui qui observe de revenir sur ce qu’il croit acquis et immuable. C’est marcher sur une frontière perméable, un lieu d’échange entre la nature et ce qui est autre qu’elle.

La culture, c’est l’essence de l’être humain. C’est le sentiment que je partage, pivot vers l’émotion. C’est les différents rapports entre individus: filiation, camaraderie, pouvoir… et surtout l’intellect, qui intervient en continue et qui tente de répondre aux grandes questions universelles. L’être humain est d’intuition et de paradoxes. J’en infuse des fragments dans mes sculptures de façon à faire contrepoids à ce qui est donné. Nous sommes une intersection hybride faite d’innés et d’acquis et dont les proportions restent en mouvance. Mon travail s’abreuve de cette tension révélatrice et les œuvres qui en découlent en portent les traces.

La sculpture est un travail de matière. J’utilise des matériaux naturels et industriels comme la pierre et l’acier pour construire mes sculptures. Issus l’un de l’autre, ils assurent pérennité. Je découpe le métal au feu de façon à souligner son passage préalable à l’état liquide lors de son extraction. On voit dans les traces laissées par la flamme une déchirure, comme si les morceaux enlevés avaient résisté, s’étaient accrochés à leur source. J’aime donner l’impression que la pierre vole, se soulève de terre par le métal qui s’en écoule. Cela pour faire sentir son poids, sa masse et pour suggérer d’éventuels déplacements.
La sculpture c’est aussi un travail de forme et de volume. Il m’est primordial que l’on puisse être à la fois contenu et contenant de l’œuvre. Même pour les très grandes pièces, les proportions sont toujours étudiées en relation avec le corps humain. Je veux que le spectateur puisse y projeter son corps. C’est un jeu de positionnement qui alimente aussi la tension fondatrice de mes œuvres. On peut y voir une nature qui cherche sa place dans nos civilisations industrielles ou encore la place que nous lui accordons collectivement…
La sculpture possède un aspect performatif dont l’action concrète joue un rôle dans la relation que le spectateur entretient avec son environnement. Par mon travail, je favorise une expérience concrète où la nature, la sculpture et le spectateur construisent conjointement le vocabulaire et le sens de cette frontière hybride où sont mises en tension nature et culture. Mes sculptures mettent en scène un espace tridimensionnel ou les jeux de distances, de formes, de proximité mettent en rapport l’environnement et les objets présents. Elles créent des rapports d’échelles, elles modulent, donnent un rythme, divisent… De telles interventions ont des effets sur la nature elle-même qui n’est plus intacte. Certains diront que l’on cherche à la posséder, avec tous les enjeux, problématiques et législations que cela comporte alors que j’y vois un désir des plus légitime, celui de reconnecter.